Génocide, lequel?

Publié le par Aregundis

« Ce n’est pas aux gouvernements de faire l’Histoire », disent benoîtement quelques présentateurs qui croient se donner l’air intéressant en ânonnant ce truisme. Que voilà une tarte à la crème ! L’Histoire n’a jamais cessé d’être triturée pour des besoins idéologiques, à droite comme à gauche. Rappelons que c’est pourtant bien un gouvernement français — de gauche, en l’occurrence  – qui « fit l’Histoire » en votant (c’est la loi Taubira) que la traite négrière fut le fait de l’Occident.  La loi dédouane ainsi l’esclavagisme arabe et celui des Noirs eux-mêmes, qui furent bien pires, à la fois en importance et en durée puisque son origine se perd dans l’antiquité et n’a pris fin, en théorie, que vers le milieu du XXe siècle à la suite du démantèlement de l’empire ottoman.  Mme Taubira qui n’est pas historienne mais politicienne a donc « fait l’histoire » à sa façon.

Ce ne serait pas si grave si l’histoire, ainsi malmenée, n’était pas enseignée telle quelle aux gamins des lycées. De même façon qu’on leur apprend que la France a « pillé » ses colonies,  et que deux générations de profs leur ont inculqué l’idée que le marxisme était l’avenir et le capitalisme, une abomination. Que la Révolution de 1789 a aboli les privilèges alors qu’elle n’a fait que les transférer, biens et terres compris, de l’aristocratie à la bourgeoisie au prix d’une sanglante dictature et d’un génocide, celui des Vendéens. De même, l’ONU a bel et bien « fait l’Histoire » en décrétant génocidaire les crimes nazis mais a « oublié » d’en faire autant pour la criminalité communiste de masse qui fit plus de cent millions de victimes, soit seize fois plus que pour la Shoah.
La loi Gayssot (dont certains aspects sont liberticides) définit crimes contre l'Humanité : « l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation, et tout autre acte inhumain commis contre toutes populations civiles, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux… ». Cet article fait implicitement référence à l’idéologie nazie. Mais c’est pourtant bien ce qui s’est passé aussi en URSS, en Chine, au Cambodge, au Viet-Nam, en Ethiopie, au Mozambique… Pourtant, les génocides arméniens et communistes n’entrent pas dans ce cadre. Allez donc savoir pourquoi… Le député communiste J.C. Gayssot doit bien le savoir, lui. Et il aura fallu un demi-siècle et la chute du Mur pour apprendre que le massacre de Katyn fut le fait des tueurs du NKVD et non celui de la Wehrmacht.

On n’en finirait plus de faire le compte des contre-vérités et des trucages du terrorisme intellectuel qui fustige toute parole prétendument « islamophobe », mais regarde ailleurs quand les chrétiens sont égorgés et leurs églises détruites. Si le génocide des Arméniens est une réalité qui déplaît fort à Ankara, la presse ne parle guère de la guerre contre les  Kurdes qui se poursuit sous nos yeux avec, en toile de fond, le pétrole du Kurdistan irakien.
Rappelons aussi que toute la partie nord de Chypre est occupée depuis 1974. C’est ainsi qu’on peut plaider pour l’accueil de la Turquie au sein de l’Union pendant qu’elle occupe militairement 40% d’un territoire qui, par ailleurs (sa partie sud), est membre de l’UE ! Enfin, il y a ce paradoxe qui pose un vrai problème : en Turquie, depuis 1920, c’est l’armée qui est garante de la démocratie  alors que partout ailleurs, la force militaire est soumise au pouvoir politique. Peut-on faire confiance à un Etat musulman qui oscille dangereusement entre démocratie et théocratie, et en bisbilles permanentes avec ses voisins ? La réponse est qu’on n’a guère le choix.

Publié dans Turquie

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